Léopld Sédar SENGHOR

Léopld Sédar SENGHOR.

Voilà un écrivain, un penseur, un poète et un humaniste que je vous présente avec autant de plaisir que d'émotion. Ce grand homme a contribué de loin à la rencontre des hommes grâce à la littérature. D’ailleurs, n'a-t-il pas préféré l'écriture et la recherche à la politique?

J'ai appris aussi que cet homme, à la fin de sa vie, a pris la décision d'apprendre le chinois avec des enfants de quatre ans. Quelle leçon de modestie! De sagesse et de grande volonté! Malgré son âge, il a dû parcourir une grande distance pour rejoindre le groupe des petits enfants afin d'apprendre quelque chose de nouveau avant de disparaître.

Monsieur Senghor, père de la francophonie, je vous respecte et je vous réserve dans mon cœur une bonne place, celle des grands.

Femme nue,

femme noire

Vétue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté

J'ai grandi à ton ombre; la douceur de tes mains bandait mes yeux

Et voilà qu'au coeur de l'Eté et de Midi,

Je te découvre, Terre promise, du haut d'un haut col calciné

Et ta beauté me foudroie en plein coeur, comme l'éclair d'un aigle.

Femme nue, femme obscure

Fruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui

fais lyrique ma bouche

Savane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du

Vent d'Est Tamtam sculpté, tamtam tendu qui gronde sous les doigts du vainqueur

Ta voix grave de contralto est le chant spirituel de l'Aimée

Femme noire,

femme obscure

Huile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l'athlète, aux flancs des princes du Mali

Gazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta peau.

Délices des jeux de l'Esprit, les reflets de l'or ronge ta peau qui se moire

A l'ombre de ta chevelure, s'éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes yeux.

Femme nue, femme noire

Je chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l'Eternel

Avant que le destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les racines de la vie